25 ANS SUR LA ROUTE

 
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Je suis certaine que si on m’avait demandé comment je comptais célébrer mes 25 ans, j’aurais répondu quelque chose du genre “bien entourée par mes amis et par les gens que j’aime.”

Me réveiller seule dans une tente en Italie, sur la terrasse d’un couple rencontré la veille, cassée après deux jours de traversée dans les Apennins et réveillée par des pâtisseries locales, n’était certainement pas dans mes prévisions. Et pourtant…

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Le 9 août, je pars de Modena pour rejoindre Massa. Je prédis environ 2 jours de voyage pour traverser les Apennins et en faire ma première expérience de montagne sur le vélo. Le premier jour est léger, avec 80 kilomètres et 1700 mètres de dénivelé positif concentrés dans les 30 derniers kilomètres. J’arrive à 22h30 au col où je vais passer la nuit, retardée par la route qui s’est terminée en gravier et où j’ai dû pousser mon vélo pour avancer. J’essaie d’oublier les peurs du jour et je monte ma tente avant que la fatigue ne m’emporte pour la nuit.

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La deuxième journée est loin d’être plus simple. Heureusement, les paysages sont beaux et cela devient presque ma seule motivation pour continuer à pédaler. Je gravis des pentes à 18%. Je trouve les numéros tellement ridicules sur les panneaux que je m’arrête à chacun d’entre eux pour les prendre en photo, comme pour m’assurer qu’ils existent bien. Je me mets en scène avec mon trépied, gravissant les pentes avec beaucoup de panache, loin de la réalité où je me traîne sur mon vélo à 30°C. Je choisis un petit lacet à 20% pour refaire plusieurs fois la même scène. Au bout de ma 4ème montée, je finis par croiser la Jeep qui m’avait aidé à retirer mon pneu le matin même.

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Après ce petit shoot improvisé, il est temps d’avancer. Les 30°C environnants et mon inexpérience en montagne en vélo, fait que je suis très lente et la moindre photo est l’excuse parfaite pour faire une pause. Au milieu de la journée, je vois un restaurant sur le côté de la route, mais je décide de continuer à avancer. Il est maintenant 14h et je commence la montée vers le dernier col l’estomac vide. Je décide d’arrêter de me torturer et je fais demi-tour pour m’arrêter au restaurant.

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Là, je deviens la curiosité locale. Malgré les masques et la distanciation sociale à respecter, un couple en face de moi, Rita et Alberto, me font la conversation. Après plusieurs questions sur mon voyage et mes plans, je leur dis que je compte passer la nuit en bivouac, aux alentours de Pise. Avec des sourcils froncés, Rita commence à m’expliquer gentiment: “La périphérie de Pise, c’est… comment dire… Tu vis à Paris ? Ah. C’est comme si tu voulais bivouaquer à la Gare du Nord quoi.”

OK. Message reçu. Après cet aperçu de charme ferroviaire, Rita et Alberto m’invitent à venir dormir dans leur jardin à Pietrasanta, juste après Massa. Rita me dessine un plan sur set de table en papier et le tout est très détaillé. Du signe de la route que je verrai à la troisième épingle à cheveux, je devrai tourner sur le petit chemin en gravier. Là, au cactus, il faudra tourner à droite et trouver le portail en bois. Non, pas le premier, mais celui avec de la paille. Ici, j’ouvrirai la porte et je trouverai un jardin. Je traverserai la maison, oui, elle est ouverte, et j’irai sur la terrasse. Là, je pourrai mettre ma tente afin de me reposer sereinement. Eux, ils finiront leur journée et me rejoindront plus tard. Rassurée de ne pas avoir à vivre l’expérience italienne de la Gare du Nord, je les remercie chaleureusement et je leur dis à tout à l’heure.

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Après plusieurs heures passées à me traîner jusqu’en haut du col des Vestiti, j’entame la descente et j’arrive à Pietrasanta. Je trouve la maison et leur jardin, et je me sens comme à la maison. J’ai le numéro de Rita et elle me dit de descendre au village pour profiter un peu de la ville.

Je me change, je me douche, je règle 2-3 choses sur le vélo et je descends en ville dans ma plus belle tenue: mes tongs et ma seule robe.

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J’ai la furieuse impression d’être une petite miss cro-magnon avec mes cheveux dans tous les sens, au milieu d’un monde de luxe et de galerie d’art. Je finis très vite par trouver une terrasse qui m’acceptera, plantée au milieu d’une petite rue. Vin, glace, spécialités locales, je ne me refuse rien pour oublier les heures passer à cuire sur le vélo. Je finis par remonter la colline pour retrouver Rita et Alberto. Ils sont arrivés et nous passons la soirée ensemble, à discuter. On aurait dit des vieux amis qui ne se sont pas vus depuis longtemps et qui se retrouvent, pour échanger de tout et de rien. Nous échangeons des souvenirs de voyage, des souhaits d’un autre visage pour 2020 et avant tout, des espoirs que nous continuons tous à garder pour le futur.

Nous nous séparons et je me retire dans mes quartiers: ma tente sur la terrasse. Il fait un agréable 20°C et la nuit est beaucoup plus reposante que la veille en haut des montagnes.

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Le lendemain, je me réveille doucement et je commence à rassembler et ranger mes affaires. J’aide Rita à préparer la table pour le petit déjeuner et Albert arrive, les mains pleines de pâtisseries. “C’est pour ton anniversaire des 25 ans.” Me glisse-t-il. En japonais, il y a cette merveilleuse expression qui dit que lorsqu’on est heureux, le coeur danse. Mon coeur dansait à ce moment là, un air de salsa sans fin.

C’est avec appétit que j’ai goûté chacune des spécialités que Roberto avait ramené et je ne pense pas que j’aurais pu imaginer une meilleure façon de célébrer mon quart de siècle.

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J’ai passé la matinée à prendre mon temps avec eux et à profiter d’être là. Ils m’invitent à voir le projet sur lequel ils travaillent actuellement: une serre qu’ils ont construit pour accueillir des voyageurs de la Via Francigena. Que ce soit à pied ou à vélo, l’idée est de pouvoir faire pousser des fruits et des légumes locaux afin de les vendre aux restaurateurs de Pietrasanta, ainsi qu’aux pèlerins qui passent. Les fruits qu’ils font pousser sont étonnants et sont parfois issus de vieilles variétés que je n’ai jamais vu. Par exemple, la “Pomodoro del viaggiatore” porte bien son nom: cette tomate est constituée de “petites billes”, qu’on peut facilement détacher et manger au fur et à mesure. Ainsi, avec une ou deux tomates dans la poche, on pouvait la déguster tout au long de son périple, sans soucis de conservation. C’est à travers cette idée que Rita et Alberto veulent créer un point de passage et d’accueil sur la Via Francigena, qui traverse Pietrasanta. Même si la serre n’est pas terminée et qu’il reste encore de nombreux travaux pour créer les bâtiments qui accueilleront les futurs voyageurs, je suis honorée d’avoir pu vivre leur hospitalité et d’avoir moi-même pu reprendre des forces pour continuer mon périple à travers l’Italie.

Vient le temps donc pour moi de continuer et de les quitter. C’est sous des chants de “Tanti Auguri” qu’on se sépare et qu’on se dit au revoir, ou en tout cas, à la prochaine.

Parfois, la vie fait les choses bien. Je suis contente d’avoir passer une matinée difficile dans les montagnes à douter. Je suis contente d’avoir décider de faire une pause et de ne pas avoir continuer sur le col des Vestitit avec un estomac vide. Je suis contente que cette année bizarre ne m’ait pas arrêté d’aller à l’encontre des autres et de rencontrer du monde.

Je me souviendrai longtemps de mes 25 ans: une journée (et une année) avec ses lots de difficultés, mais qui rendent les petits moments qui se passent bien, beaucoup plus mémorables.

À 2021, et à sortir de sa zone de confort, si possible, à vélo.

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Retrouvez les sorties sur Komoot:

https://www.komoot.fr/tour/236359794

https://www.komoot.fr/tour/236797886

Texte et photos de Sabine

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I am sure that a year ago, if someone asked me how I was going to celebrate my 25 y.o. birthday, I would have answered with something cheerful and gathered with people I loved. 

Waking up in a tent in Italy, alone, on the terrace of people I had just met the day before, broken from two days crossing the Apennines and woken up to a birthday made of Italian pastries certainly wasn’t in my expectations. And yet.

August 9th, I leave Modena to join Massa. I’m predicting two days of travel, through the Apennines and through my first mountain experience on a bike. The first day is a light 80km, where 1700m of elevation is crumped up in the last 30km. I arrive at 10:30 p.m. at the mountain pass I had planned to spend the night at. The road ended up in a gravel path and I feel like I spent the day pushing my too-heavy-bike. I set up camp and ignore the scares of a first bivouac alone and the tiredness finally brings me some sleep.

The second day is nowhere near easier. The landscape is pretty and this is the only constant helping me forward. I ride on 18% slopes. I find the numbers so ridiculous and the slopes so bizarre-looking that I stop to take pictures and set up nice shots of me climbing them. Despite the low energy, I find some fun in climbing 4 or 5 times the same slope to get a good shot. On the 4th try, I pass the jeep with the two men who helped me, earlier in the day, to fix my flat. 

Overall, with the 30°c heat, I make very slow progress and the pretext of taking a picture is always a good reason to take a break. At midday, I see a restaurant but I am determined to move forward. After starting the ascent with an empty stomach at 2 p.m., I decide to stop this nonsense and turn back to stop at that restaurant.

There, I become the curiosity and despite the masks and the distances, across another table, a couple, Rita and Alberto, hails me. After a few questions about my whereabouts and my plans here, they end up with a frown when I tell them I plan to bivouac around Pisa. Kindly, Rita tries to explain to me that “the periphery of Pisa is like… um… you come from Paris? It’s like if you wanted to bivouac in Gare du Nord.” Message received. Therefore, they kindly invite me to camp in their garden. Rita enthusiastically starts drawing me a map on how to get there once I pass Massa. The plan is very detailed, from the road sign where I’ll need to turn onto a small gravel path, to the cactus plant on the right where I’ll have to find the wooden portal to the terrace where I’ll be able to lay my tent and make myself at home while they finish their day in the mountains. 

Relieved to not have to go through an Italian “Gare du Nord” experience, I warmly thank them and bid them a see you later.

After a few hours and my last pass of the trip (or so I thought), I finally reach the place and immediately feel at home. I know Rita and Alberto will be back in the evening so I take the time to wash some clothes, readjust my bike and make sure everything is alright. Their house is right above the small artistry village of Pietrasanta so, following their advice, I head down there to enjoy my evening.

Wine, local delicacies, ice cream for desert: it’s easy to forget the painful hours on the bike earlier in the day. After an evening where I could have made myself believe I was just another luxury tourist (forgetting the bad tan lines and the obvious only non-biking shoes, the flip-flops) I hike my way back up to Rita and Alberto’s. They’ve arrived and we spend the evening chatting together. It seems like old friends just getting back together after a long hiatus. Memories of travels, wishes of a better situation and overall good hopes lead the conversation that night.

We finally part way for the evening: they go to their room and I head to the terrace to sleep in my tent, now that the temperatures have reached a nice 20°c, the evening is much more relaxed than the previous one I spent up the mountain in the wind and the cold. 

The next day, I wake up slowly and start to gather my things. I help Rita prepare breakfast and Alberto walks in, his hands full of pastries. “It’s for your 25th birthday.”  As they say in Japan, at that moment, “my heart was dancing.” I bite happily in all the local deliciousness they’ve bought and I can’t think of a better way to start the day or how to start the second half of my quarter of a century. 

I spent the morning taking my time, with them, chatting and just enjoying the pace. They invited me to check out the greenhouses that they have been building: their idea, and what they have already started, is to produce local fruits and vegetables and sell them to local restaurants. They grow local vegetables but they also try to experiment with exotic ones: I think I didn’t know about half of what they showed me. One of the most surprising fruit (or vegetable) was the “Pomodoro del viaggiatore”: it is a suitable name for this very strange looking tomato. Called the tomato of the traveler, this tomato features small lumps of fruits ‘fused’ together. They can easily be eaten on the road, bit by bit, thus making it an ideal piece of food to carry on long travels. It is through this central idea and through this tomato that Rita and Alberto are aiming to become a major actor of the Via Francigena, crossing Pietrasanta. May it be for hikers or cyclists, they are slowly creating a haven of peace, where one can find rest and strength to move on to the rest of the path.

It was on that note that I had to myself, move forward and follow the rest of my path. It was under a chant of “Tanti Auguri” that we parted and waved goodbye, till next time.

Sometimes, life gets things really right. I’m glad I struggled long enough for my path to have crossed Rita and Alberto’s. I’m glad I decided against going up this mountain pass on an empty stomach. I’m glad this bizarre year has not stopped me from wandering and meeting people. My 25th birthday is a memorable one: one filled with its set of difficulties and one that has rewards that are twice as valuable as a result.

It is time to step outside of your comfort zone, and what better ways to do it than on a bike? ;)

 
ANTHONY RICHELOT